Les raisons du rapprochement entre le réfutationnisme et le darwinisme se trouvent dans l’importance cruciale accordée par ces deux théories à l’élimination de l’erreur.
Pour Karl Popper, la sélection naturelle s’assimile à un moyen de contrôle s’exerçant sur les mouvements chaotiques des niveaux inférieurs.
De la même manière, le philosophe estime que la faculté de critiquer nos théories (liée au langage et donc au Monde 3) est ce qui permet de faire progresser les connaissances scientifiques.
Cette identité dans les démarches évolutives et épistémologiques est ce qui l’autorise à qualifier son épistémologie de « sélectionniste ». Le lien entre l’évolution de la vie et celle de la science se trouve donc dans le primat accordé à la démarche critique.
Pour Karl Popper, la sélection est une forme de critique et vice versa. Avant de voir de quelle manière le philosophe parvient à cette identité, il faut mettre en lumière la place de la démarche critique dans la pensée poppérienne.
Cette démarche trouve en effet de multiples applications : c’est elle qui permet quelque progrès que ce soit, en science comme en économie ou en politique. Popper estime même que c’est la faculté d’auto-critique, cette « invention du langage », qui un jour « rendra possible la paix entre les hommes.[1] »
En ce qui concerne la théorie de la connaissance, la faculté d’être soumise à la critique est ce qui démarque la science de la pseudo-science : les théories n’étant jamais certaines, elle doivent pouvoir être confrontées à des expériences qui, a défaut d’établir leur vérité, permettent d’en révéler la fausseté.
Le critère de démarcation poppérien se trouve donc dans la falsifiabilité des théories.
[1] POPPER Karl R., Un Univers de propensions, op. cit., p. 77.