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Le critère de démarcation poppérien entre science et pseudo-science

Le critère de démarcation de Karl Popper sépare science et pseudo-science. L’une est réfutable et non réfutée, tandis que l’autre est irréfutable car elle ne possède aucun pouvoir de prédiction…

A plusieurs reprises, et notamment dans son autobiographie intellectuelle, Karl Popper explique de quelle manière il est parvenu à établir son célèbre critère de démarcation – qui constitue tant une méthodologie pour la science contemporaine qu’un essai d’objectivation de l’histoire des sciences.

Impressionné par la révolution einsteinienne en physique, et exaspéré par les interprétations freudiennes et marxistes, Karl Popper en vint à montrer que la principale différence entre ces diverses théories résidait dans leur capacité de prédiction, c’est-à-dire dans la possibilité qu’elles laissent à des énoncés de base d’être retirés des énoncés universaux qu’elles proposent, et donc dans leur capacité à être invalidées par les faits.

Par exemple, tandis que le freudisme ou le marxisme ne peuvent que donner des explications a posteriori, la théorie d’Einstein est, elle, capable de prédire des événements.

Pour Popper, l’irréfutabilité est donc un vice et en aucun cas une vertu. Sa solution au « problème de l’induction de Hume », indique que la science évolue par déductivisme et non par vérificationnisme[1]. Elle ne progresse pas par induction, car l’observation n’est jamais neutre, et que l’esprit n’est pas « seau » (i.e., il n’est pas un simple « réceptacle » aux données des sens)[2].

Toute observation est au contraire imprégnée d’attentes, ce ne sont donc pas les faits qui viennent en premiers mais les théories. De plus, l’homme étant faillible et sujet à l’erreur, les théories qu’il émet ne peuvent être que conjecturales.

Les lois que « découvre » le scientifique n’ont ainsi aucune raison a priori d’être éternelles ou universelles. Ses théories ne pourront jamais être vérifiées ; elles seront, au mieux, confortées par l’expérience. Cette révolution épistémologique implique que l’essentiel de la tâche du scientifique est de se débarrasser des conceptions erronées.

L’expérimentation qui, chez les Néo-positivistes, permettait la vérification des théories, se transforme dans l’épistémologie falsificationniste en un « couperet logique » voué à l’élimination de l’erreur.

Le critère de démarcation poppérien pose donc que la pseudo-science est irréfutable, tandis que la science est réfutable et cependant non réfutée.


 

[1] Voir notamment POPPER Karl R., « La Connaissance conjecturale : ma solution au problème de l’induction », in La Connaissance objective, op. cit., pp. 39-78.

[2] Voir notamment POPPER Karl R., « Les deux visages du sens commun : une argumentation en faveur du réalisme du sens commun et contre la théorie de la connaissance du sens commun », in op. cit., pp. 83-178.

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